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Économie : le Maroc sur des bases solides
Le pessimisme de certains, au Maroc, face à un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de "seulement" 2,8% en 2012 fait sourire la plupart des analystes et investisseurs en Europe. Il y a longtemps qu'on ne rêve plus ces niveaux au nord de la Méditerranée.
Dans un contexte politique régional incertain, l’économie marocaine surprend par son dynamisme. En 2011, alors que ses voisins d’Afrique du Nord voyaient leur PIB réel se contracter, le Maroc maintenait un taux de croissance insolent de 5%. Cette endurance n’est pas uniquement le fruit d’institutions marocaines solides; elle s’inscrit plus globalement dans une tendance macroéconomique vertueuse que connait le Maroc depuis deux décennies et qui permet au pays de se démarquer de ses voisins d’Afrique du Nord.
En effet, l’économie marocaine a crû à un taux annuel moyen de 4,9% durant la décennie 2001-2010. Cette croissance est supérieure à celle de l’ensemble de l’Afrique du Nord qui a été témoin d’un taux annuel moyen de 4,6% durant cette même période. La croissance du pays n’est que plus impressionnante lorsqu’on prend en compte une croissance démographique marocaine inférieure à celle de ses voisins, avec comme conséquence une croissance annuelle du PIB par habitant en tête de peloton régional (3,9% pour la période 2001-2010). Cette endurance économique a été confirmée récemment par un taux annuel moyen de croissance du PIB de 4,4% depuis le début de la crise de 2008, alors que l’Union Européenne, premier partenaire commercial du Maroc, se démène tant bien que mal dans une conjoncture très difficile. Le taux de croissance du PIB de 2,8% en 2012 s’explique surtout par une récolte agricole décevante cette année-là. L’industrie, quant à elle, enregistrait un taux de croissance enviable de 5,3%.
Quelles sont les raisons macroéconomiques principales de ce dynamisme? Premièrement, le Maroc parvient à maitriser son inflation malgré une croissance soutenue. Entre 2001 et 2010, le taux annuel d’inflation moyen dans le pays était de 1,8%, à comparer avec un taux de 4,9% pour l’ensemble des pays d’Afrique du Nord. Cette stabilité des prix facilite le commerce en réduisant l’incertitude macroéconomique et favorise ainsi le climat des affaires.
Deuxièmement, l’investissement — à la fois national et étranger — représente une large part du PIB marocain. La formation annuelle brute de capital a atteint en moyenne 30,8% du PIB entre 2001 et 2010. Alors que ses voisins d’Afrique du Nord, à l’exception de l’Algérie, ne dépassent pas les 25%, le Maroc présente un taux d’investissement comparable à celui de puissantes économies émergentes telles que l’Inde et la Chine qui atteignent actuellement des taux respectifs de 32,6% et 42,6%. En pratique comme en théorie, ce niveau élevé d’investissement permet de poser les fondations de la production future, expliquant ainsi les taux de croissance élevés du PIB marocain sur la durée.
Enfin, l’endettement privé et public du Maroc a aujourd’hui atteint des niveaux beaucoup plus raisonnables qu’il y a une dizaine d’années. En 2000, l’endettement du Trésor atteignait 73% du PIB. Dix ans plus tard, après des efforts soutenus de la part des gouvernements successifs pour réduire la dette publique, celle-ci ne s’élevait plus qu’à 49% du PIB. En plus de la confiance accrue qu’une dette publique faible génère chez les investisseurs, cette politique a eu comme effet direct de réduire le service sur la dette de 6,9% du PIB en 2000 à 2,3% en 2011. L’endettement externe du pays a aussi fortement diminué. Alors qu’il représentait 57,7% du revenu national brut en 2000, ce pourcentage n’était plus que de 29,4% en 2011.
Dépendant ainsi moins de créanciers étrangers, les autorités marocaines ont aujourd’hui plus de marge de manœuvre pour implémenter des politiques économiques innovantes. Celles-ci sont toujours nécessaires pour se débarrasser des pierres d’achoppement qui handicapent encore l’économie malgré de bons agrégats macroéconomiques. En effet, le taux d’emploi semble stabilisé autour de 46% alors que le pays s’est imposé des objectifs ambitieux en la matière. Le déficit de la balance courante qui est apparu en 2007, lance de nouveaux défis aux décideurs politiques du pays.
Le Maroc semble heureusement en très bonne position pour relever ces défis dans les années à venir. Fort de fondamentaux macroéconomiques forts et stables, plusieurs organismes internationaux sont très positifs concernant l’économie marocaine. Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit une croissance économique annuelle supérieure à 5% passé l’horizon 2015 et une dette publique en pourcentage du PIB qui devrait repartir à la baisse dès l’année prochaine. Il est donc fort probable que l’économie marocaine continue dans les prochaines années son expansion actuelle et confirme ainsi son statut de véritable économie émergente.
Sources : Banque Mondiale, Fond Monétaire International, Haut-Commissariat au Plan, Invest in Morocco |